J’ai allaité un enfant !
Ce titre peut paraitre banal ou pas...
En France, selon les derniers rapports de 2017 (et oui, je n’ai pas trouvé de chiffres plus récents), 67,6% des bébés sont allaités au moins les 8 premiers jours. Seulement 22,8% le sont toujours à leurs 6 mois et 12,8% à leurs 12 mois (source https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/).
Savez-vous que l’OMS (organisation mondiale de la santé) recommande un allaitement exclusif jusqu’à 6 mois, prépondérant jusqu’à 12 mois et un sevrage naturel entre 2 ans et demi et 7 ans ?
Pourquoi je vous dis cela parce que, moi, avant d’allaiter, je ne le savais pas !
Dans mes derniers articles, je vous ai beaucoup parlé de mon fils car c’est avec lui que j’ai appris à devenir mère. Aujourd’hui, je vous parlerai de ses sœurs et plus particulièrement de ma première fille, mon deuxième enfant, appelons-la Choupinette ! Pourquoi ? Parce que, pour mon fils, étant naïve et mal renseignée, quand on ne m’a pas contredite lorsque j’ai eu dit avoir peur de lui passer du mauvais par l’allaitement alors que je lui avais déjà passé de mes gênes (avec ma maladie génétique), j’ai cru que ce serait mieux pour lui de ne pas être allaité (ahhhhh que j’étais naïve) !!!
Donc, revenons à nos moutons ou plutôt à Choupinette !
Une rencontre particulière...
Je vous avais mentionné précédemment le fait que mes 3 enfants étaient tous nés prématurés. Mes 2 filles (à 2 ans et demi d’écart) sont toutes les deux nées à 32SA.
Quand Choupinette est née, elle ne savait pas téter et n’avait pas le réflexe de succion. Elle a longtemps été nourrie par sonde gastrique. J’ai doucement introduit la tétine pour créer le besoin de succion alors que mon lait maternel passait dans la sonde gastrique puis nous avons introduit les biberons avant de lui donner accès au graal : le sein. Elle avait 3 semaines.
A ce moment-là, pour être honnête j’allaitais plus le tire-lait que ma fille. Dans un sens, j’étais en néonat avec elle et c’était mon rôle de lui donner le meilleur car elle aurait dû être encore dans mon ventre. Je me suis dit que ça durerait le temps que ça durerait mais l’objectif était de tenir l’allaitement le temps de la néonat.
Ma fille a vite pris goût aux tétées, à la chaleur de ces instants d’échanges privilégiés avec maman, à la douceur et à la proximité dont nous avions toutes les deux tellement besoin !
Malgré un reflux assez important, nous avons continué en sortant de néonat.
Il faut épaissir le lait...
Pour le reflux, les médecins m’ont demandé d’épaissir le lait maternel alors que Choupinette prenait de mieux en mieux et de plus en plus le sein. Comment épaissir du lait maternel au sein ? Ben, on ne peut pas ; il faut mettre dans le biberon !
J’ai eu la chance de rencontrer la puéricultrice de la PMI, formée à l’allaitement qui m’a confirmé que le lait maternel n’avait pas besoin d’être épaissi quand il était pris au sein car le débit est bien plus adapté qu’au biberon. Et ce que je ne savais pas à l’époque et que je vous dis ici c’est qu’un réflexe d’éjection fort (REF, quand le lait sort en jet assez fort en grande quantité), c’est tout simplement que le corps de la maman s’est adapté à un défaut de succion du bébé (dû à une mauvaise prise en bouche, des freins buccaux, …).
Mon lait l’a sauvée...
Choupinette est tombée très malade, nous avons failli la perdre le soir de son premier Noël. Drame d’autant plus important pour elle car les médecins lui interdisaient l’accès au sein pour contrôler son alimentation. Voici le retour de la sonde gastrique. Après avoir repris du poil de la bête, l’équipe médicale s’acharne à ne lui autoriser que le biberon alors que Choupinette ne veut qu’une chose : le sein. Après de nombreux examen, le coupe raie tombe, elle est atteinte d’une maladie hémolytique qui la suivra toute sa vie. Comment expliquer ses courbes de croissance qui restent à la hausse malgré tout ? Pour le docteur spécialiste (oncologue et hématologue pédiatrique, si peu), ça ne fait pas de doute, cette petite fille est sauvée grâce au lait de maman.
Début d’un calvaire...
Suite à ces périodes de privation forcée du sein, Choupinette, du haut de ses 4 mois (1mois et demi corrigé), refuse totalement le biberon. Seulement, elle qui n’a jamais vraiment su téter (on rappelle l’absence de reflexe de succion à la naissance) me fait atrocement mal. D’abord, on suspecte une candidose mammaire. C’est parti pour plusieurs mois de traitement mais aucun soulagement. J’ai commencé à me former à l’accompagnement des mamans allaitantes mais moi je n’arrive pas à me soulager ! C’est impossible, ma fille refuse de se nourrir autrement qu’à la source mais je manque de m’évanouir à chaque mise au sein. C’est grâce à une consultante en lactation ILBC et une consultation en visio que j’ai enfin trouvé quelqu’un qui m’a écouté quand je lui ai parlé du palais creux de ma fille, du fait qu’à 8 mois, elle ne bougeait quasi pas, ne souriait pas. Choupinette avait tout simplement un frein de lèvre et un frein de langue extrêmement courts et restrictifs qui l’empêchaient de bouger la langue, ses lèvres et la coinçait dans ses mouvements. En plus de ne pas savoir téter, elle ne pouvait pas et mon corps (pour une fois qu’il fait quelque chose de bien, celui-là) avait pallier à ces manques en mettant en place un gros REF (reflexe d'éjection fort).
Tout cela pour dire que nous lui avons fait couper ses freins la veille de ses neufs mois, ce qui a révolutionné la prise en bouche (mais pas le réflexe de succion) et sa motricité.
La vie suit son court et le temps passe...
Les mois ont passé et les tétées se sont enchainées. Malgré les réflexions de certains sur le fait d’allaiter un bambin, le docteur spécialiste m’encourageait à continuer car ça ne pouvait qu’être bénéfique pour Choupinette. A l’anniversaire de ses 1 ans, la question de continuer ne s’est pas posée (j’ai dit jusqu’en néonat, puis jusqu’à son terme, puis jusqu’à ses 3 mois, puis s’est passé le fameux Noël et là j’ai dit "on verra où ça nous mène, profitons !”). A ses 2 ans, un inconfort supplémentaire s’est installé : les seins douloureux de début de grossesse. Les seins se sont taris (je m’en suis rendue compte quand c’est revenu), le goût a changé mais Choupinette s’est accrochée à cet or blanc si précieux pour elle, à ces moments privilégiés avec maman où là, personne ne peut la remplacer !
Est arrivé le moment de la séparation pour une hospitalisation pour menace d’accouchement prématuré puis la naissance de P’tit Bouchon (notre troisième enfant et deuxième fille) et la période de néonat, pendant le confinement. Une longue séparation qui n’a pas fait passer le besoin suprême de téter. Après 7 semaines de séparation, les retrouvailles avec maman et les tétées ont été magiques malgré le fait qu’il fallait partager avec la petite sœur.
Le co-allaitement.
Si on m’avait dit un jour que j’allaiterais deux enfants en même temps, je ne l’aurais jamais cru et pourtant ça s’est fait tellement naturellement que la question ne s’est même pas posée.
Avec l’arrivée de P’tit Bouchon j’ai enfin découvert que le fait qu'un allaitement ne doit pas faire mal n’était pas un mythe. Ma Choupinette ne savait vraiment pas téter ! Beaucoup d’instant de câlins, des filles qui en grandissant partagent des instants de complicité autour de la tétée. Des premières caresses, des premiers bisous et le temps de dire “vous êtes grandes, ensemble, ce n’est plus possible”. Puis vient le temps de dire que les tétées de Choupinette sont vraiment trop douloureuses et qu’il est temps d’espacer, de remplacer les tétées par des moments privilégiés différentes. Doucement on diminue, on espace et prend le temps de lire plus de livres au coucher, de raconter la journée, de créer d’autres moments spéciaux. Jusqu’au jour où arrive la dernière tétée. On le dit, on fait un bon repas, on prépare un cadeau souvenir et on dit au revoir au lait qui restera pour P’tit Bouchon. Ma Choupinette, sans le vouloir, a arrêté de téter, jour pour jour, 4 ans après sa première mise au sein.
Voilà, le temps a passé sans prévenir et a laissé place à 4 ans de tétée, moi qui pensais n’allaiter que le temps de la néonat et à 18 mois de co-allaitement.
Une aventure aussi inespérée qu’extraordinaire.
Et vous avez-vous allaité (ou votre conjointe) vos enfants ? Avez-Vous des anecdotes marquantes ?