Le Mythe de l'enfant parfait

Par Amélie Guerin 29 Oct 2021
Le Mythe de l'enfant parfait

Le mythe de l’enfant parfait. 

 

Avant de devenir parent, j’avais dans l’idée d’avoir un enfant à l’image de ce que je pensais que mes parents avaient voulu attendre de moi. Quelle pression sur moi et sur ma future progéniture !!! 

Bref, je ne savais pas ce qui allait me tomber dessus, en fin de compte. 

Avant la naissance, une vision déjà différente...

Mon parcours vers la maternité m’a tout de suite indiqué qu’il allait falloir que je revois mon idée première. Et oui, pour nous, devenir parent était déjà un parcours du combattant (entre tests d’infertilité, parcours PMA, Fécondations In Vitro, …). 

Bref, tout ça pour dire que dès le départ, la nature m’a envoyé des signes pour me dire que mon image de l’enfant parfait était un mythe. 

Une naissance sans accouchement

Je rêvais d’une naissance physiologique, d’un câlin post accouchement, de présenter mon bébé à toute ma famille, à mes amis. Encore une fois, la vie en a voulu autrement, avec une naissance par césarienne d’urgence à 34SA, sous anesthésie générale, puis 3 semaines de néonat avec des hauts et des bas et une rencontre avec bébé 20h après sa naissance. 

Ce bébé dont j’avais rêvé la perfection ne se présentait pas du tout comme représentant l’image que j’en avais eu ! Par contre, je l’aimais de tout mon cœur. 

Grandir "normalement"

Ce bébé a grandi devenant un petit garçon plein de vie, avec une soif insatiable de connaissances, une bouille de coquin qui cherchait tous les moyens possibles pour faire rire autour de lui. Et la vie a commencé à nous faire déchanter : le terrible two ! Ben oui, comme la plupart des mamans de mon époque, j’ai beaucoup lu sur les “crises comportementales” de l’enfance, les caps dits “inévitables”. Ce cap pendant lequel il tient tête, il se lève 15 fois par soir avant d’arriver à s’endormir, où il est demandeur de ta présence mais dit “non” à tout ce que tu lui proposes. En gros, tout ce pourquoi, à l’époque, je n’avais pas les connaissances sur le développement de l’enfant et sur l’attachement et le sommeil que j’ai aujourd’hui et qui nous aurait tellement facilité nos vies et nos relations. 

L'influence de l'environnement

L’entrée à l’école a apporté des soucis autres auxquels on ne s’attendait pas : l’ennui, les comportements décalés inadéquats avec cette école publique, le harcèlement, la violence émanent d’enfants mais aussi d’adultes encadrants et des comportements, par conséquence, encore plus indésirables.  

En me formant à la parentalité positive, j’ai vite mis en évidence que non, mon fils n’était juste pas aux antipodes de l’image idyllique que j’avais d’un enfant à la base, mais que notre vision, ma vision, était tronquée. L’image que mes parents et mon entourage m’avaient ancrée était bien trop différente de ce dont un enfant avait réellement besoin de la part de ses parents. Mon fils n’était pas parfait mais moi je n’étais pas plus une mère parfaite !!! 

Ensemble nous avons su évoluer, nous avons réagi quant à son environnement scolaire qui l’avait poussé tellement à bout qu’il avait, à 5 ans, des propos suicidaires. Nous avons pallier à nos expectations et remis les choses au clair sur ce qui était faisable ou pas selon son âge et son développement cérébrale. Nous avons revu toutes nos priorités pour vivre ensemble le plus sereinement possible et donner à nos enfants un cadre sécurisant et bienveillant. 

Évoluer avec ses "imperfections"

Notre fils a un profil dit “atypique”, étant haut potentiel intellectuel, hypersensible et avec un trouble de l’attention. Le retirer du système scolaire “classique” l’a beaucoup aidé, lui a permis d’acquérir à son rythme les connaissances dont il avait besoin à l’instant T (Apprendre l’histoire de France puis se rendre compte que pour en savoir plus, il avait besoin de savoir lire par lui-même, et donc apprendre à lire rapidement pour, après, devenir incollable sur les dinosaures, les minéraux ou les planètes, puis se rendre compte que savoir compter était important pour récolter des fonds pour son école, que connaître la faune et la flore pourrait l’aider dans sa quête de sauvegarde des animaux), ce qui lui a permis de retrouver sa joie de vivre et une partie de sa confiance en lui et en les autres. Grâce à lui, j’ai totalement changé de vie, j’ai rencontré des personnes extraordinaires qui, aujourd’hui, me sont très chères (j’ai aussi respecté l’éloignement de personnes qui ne comprenaient pas ce respect de l’enfant, sans autorité excessive, sans domination adulte), j’ai changé de carrière et surtout j’ai grandi et j’ai beaucoup appris. 

Prendre du recul et apprécier mon enfant comme il est

Tout cela pour vous dire que l’enfant parfait n’existe pas, au même titre que le parent parfait n’existe pas. Nous sommes des êtres vivants qui nous construisons grâce (et à cause) de notre environnement, des apports des personnes qui nous entourent, des embûches que nous rencontrons, des mains tendues qui nous sont offertes, … Chacun a un parcours différent et donc des besoins et des envies différentes qui nous créent en nous ce qui peut être vu comme des imperfections aux yeux des autres. 

Aujourd’hui, je suis l’heureuse mère imparfaite de 3 enfants totalement imparfaits, chacun dans leur genre. Je vais être honnête avec vous, notre famille n’est pas parfaite mais, c’est ma famille et c’est celle qui est juste “parfaite” pour moi. 

Et vous, sur quelles idées de la perfection avez-vous dû faire une croix ? Quels instants de joies partagez-vous autrement ?