Les pleurs du nourrisson

Par Bertille Poincelet 12 Nov 2021
Les pleurs du nourrisson

Beaucoup de parents se retrouvent démunis, stressés, désemparés face aux pleurs de leur enfant.

D’ailleurs, les pleurs concernent la moitié des consultations en pédiatrie.

Le pleur est pourtant indispensable : il est un moyen de communication et un moyen pour appeler sa figure d’attachement pour se faire réconforter, apaiser ... On sait aujourd’hui, grâce à la théorie de l’attachement qu’il faut répondre aux pleurs du bébé pour réponse à son besoin de sécurité. Malgré tout, on peut observer un glissement d’un extrême à l’autre que j’aime comparer à celui de l’éducation.

 

En effet, nous sommes pour certains issus d’une éducation dite traditionnelle où l’adulte avait une ascendance sur l’enfant : enjeu de pouvoir, punition, menace… Les besoins de l’enfant n’étaient pas pris en compte au même niveau que les besoins du parent. Beaucoup de parents, éveillés aux nouvelles éducations : positives, bienveillantes … ont compris les enjeux d’une telle éducation mais sans prendre en considération leurs propres besoins et en inversant les rôles. En passant d’un extrême à l’autre, nous avons vu émerger des enfants rois, tyranniques … une recrudescence de burn out parental… Alors que l’éducation positive est celle du lien, du respect mutuel et du respect des besoins de chacun à un même niveau.

Ce glissement s’observe aussi avec les pleurs.

Conscients aujourd’hui de l’importance de répondre aux signaux de l’enfant, certains parents se laissent « déborder » par les pleurs de leur enfant. Combien d’entre nous, sommes sortis de notre douche pleine de savon aux premiers pleurs de notre enfant ? Nous sommes passés d’une période où le jeune enfant devait être silencieux, complaisant, facile à vivre … à une période où l’enfant ne doit pas pleurer. Tout est dans la phrase « ne pas laisser pleurer un enfant » : elle ne veut pas dire que l’enfant ne pleurera pas. Elle veut dire qu’il faut accueillir les pleurs de l’enfant, le rassurer, le soutenir. Cependant, on peut prendre le temps de finir notre douche, quelques minutes et de revenir auprès de notre enfant pour lui expliquer ce qu’on était en train de faire et que maintenant « je suis pleinement disponible pour toi, je suis là ! ». Derrière cette injonction qui peut être très culpabilisante, on se met une pression énorme parfois inconsciente nous poussant à repousser parfois nos limites.

Quand on se sent fatigué, stressé, démuni …

Il sera moins préjudiciable (s’il n’est pas possible de passer le relais) de laisser le bébé en sécurité dans son lit quelques minutes pour aller se ressourcer (respiration profonde, boire un verre d’eau …) et venir le récupérer en mettant des mots sur ce qui s’est passé et en le rassurant que vous êtes de nouveau présent, disponible plutôt que de vouloir garder l’enfant pleurant coûte que coûte.