PARENT... ET EN COUPLE AUSSI ! Episode 3 : Baby-clash et sexo

Par Merci De Supprimer Mon Profil ... 26 Oct 2021
PARENT... ET EN COUPLE AUSSI ! Episode 3 : Baby-clash et sexo

Il arrive parfois qu’un duo devienne trio...

« Vous verrez, un bébé, ça change complètement la vie ! »

Cette phrase, combien de fois je l’ai entendue, et j’acquiesçais, sans jamais la comprendre vraiment... Jusqu’à ce que le fameux bébé naisse !

Quand l’enfant arrive, le couple passe brutalement de la conjugalité à la parentalité.

Sans préparation. Sans formation. Sans plan d’action. En roue libre !

Chacun des parents est transformé et la relation doit être totalement réaménagée, revue, réorganisée. De cette période certains couples ne s’en remettront pas, alors qu’ils imaginaient qu’elle serait l’apothéose de leur union. Un nombre de plus en plus important se séparent alors que les enfants sont encore tout petits.

Il y a 10 ans, les enfants de la séparation avaient 4 ans, aujourd’hui il est fréquent qu’ils aient 6 mois voire 1 an. Pas facile d’admettre que la naissance de l’enfant qu’on a désiré plonge le couple dans le désarroi, la frustration. Comme la maladie, un deuil, un accident… l’arrivée d’un enfant a un effet « anti-libido » ! De plus, il y a de la honte à faire part de ces difficultés, qui accompagnent un moment censé être parfaitement heureux.

John et Julie GOTTMAN ont mené une étude à long terme sur 130 couples de nouveaux mariés. Ils ont découvert, à leur grande stupéfaction, que les 2/3 des couples étudiés se disaient malheureux après la naissance de leur premier enfant. Après la naissance d’un premier enfant, le niveau de testostérone des deux partenaires diminue, et plus particulièrement celui de la femme. Et cette diminution est encore plus prononcée avec la venue de chaque nouvel enfant.

Il y a un soulagement de constater que presque tous les couples sont confrontés à des réaménagements souvent difficiles. C’est la raison pour laquelle les jeunes parents doivent régulièrement fréquenter et échanger avec d’autres parents, dans leur cercle personnel, par le biais d’ateliers de parents, etc. Cela fait un bien fou de constater que ce que nous vivons est... terriblement banal et normal !

La réorganisation du quotidien

Sortir de la maison sans bébé, le confier quelques heures en toute sécurité, trouver différents ingrédients pour un retour de la sexualité... Passer de deux à trois n’est pas si simple. Beaucoup de couple imaginent qu’à l’arrivée de bébé, leur couple demeurera tel qu’il est, avec (juste !) un bébé en plus. Et comme si ça ne suffisait pas, la spirale de la baisse du désir touche la plupart des couples (voir Episode 2).

Du côté des femmes : « J’aimerais tellement avoir de nouveau envie ! ». Après l’accouchement, sans avoir pu l’anticiper ni même l’imaginer, elles constatent, surprises, que leur désir s’est évaporé.

Les 3 premiers mois, la « folie des 100 jours », bouleverse tout. Le fait d’être mère et de redevenir femme est un passage délicat pour presque toutes les mères. Telle une jongleuse chinoise, la tâche est ardue d’assurer à la fois un attachement sécure à bébé et à la fois restituer une place de partenaire sexuel à son compagnon.

Du côté des hommes : « C’est à toi de résoudre ce problème ! Je n’ai pas changé, moi ! ». Les hommes peuvent penser que s’ils avaient plus souvent des rapports, la relation de couple s’améliorerait et que tout redeviendrait comme avant. Et nombre d’échecs sont liés à la conviction, largement partagée, plus ou moins consciemment, que c’est à la femme qu’incombe la charge conjugale.

Alors, à qui de faire le premier pas ?!

C’est donc obligatoirement à deux, par étapes, que la crise du couple en général (et de la sexualité post-partum en particulier) devra se résoudre. Chacun devra accepter de faire un pas qui va aider l’autre à en faire un. Chacun devra recréer des situations dans lesquelles le désir peut survenir à nouveau. Mais… La fatigue est là... Nos rythmes de vie, nos jobs, nos environnements sont parfois peu propices à privilégier la relation... Quand bébé dort, sournoisement, le couple peut se caler chacun devant un écran, car ce sont les seuls moments de tranquillité. La nouvelle maman se couche plus tôt à cause des nuits hachées, et le jeune papa n’a pas sommeil et s’endort tard. L’évitement peut s’installer. Il est facile de se laisser envahir par la nécessité de la détente. Il faudra beaucoup d’efforts pour vaincre le cercle vicieux qui se met en place...

Ce n’est pas seulement la sexualité qui est en danger : la complicité, la tendresse, la communication non verbale, la connexion. Chacun se convainc que c’est l’autre qui évite la relation. Cette situation est fréquente. Il arrive même qu’elle perdure au-delà de la période qui suit l’arrivée de l’enfant. Elle risque de se chroniciser quand le couple est composé de deux personnes ayant des problématiques d’attachement différentes (voir Episode à venir)

Fonder une famille

L’enfant est là, et le retour à l’état antérieur ne peut plus se faire. Ce changement irréversible s’accompagne d’un deuil d’un mode de vie précédent… parfois douloureux. Ce sentiment d’irréversibilité est le même qu’après un décès, un accident grave. Le couple, à ce stade, peut vivre un véritable traumatisme, dont la gravité est accrue s’il est bloqué à un stade du deuil du couple d’avant. Le processus de deuil est un processus psychique naturel qui nous permet de dépasser les pertes (d’un être cher, mais aussi d’une situation). « Faire son deuil » nécessite de passer par plusieurs phases : déni, négociation, colère, tristesse, acceptation. Accepter que l’on ne retrouvera pas « le couple d’avant » va permettre de libérer de l’espace pour « le couple d’aujourd’hui et demain », qui sera forcément différent, et qui sera l’unité de base du foyer.

Nourrir la relation

Le couple a besoin de se retrouver, de se reconnecter. C’est comme s’il s’était dissout dans le « bébé d’abord » ! Jusque-là, la spontanéité a existé. Maintenant, une préméditation est indispensable ! Se retrouver à la maison, se donner des espaces d’intimité, libérer des moments où on parle d’autre chose que de bébé, redonner du « glamour » à la vie, partager de bons moments... Comme avec les techniques de parentalité positive et relationnelle, le secret, la base, c’est la connexion. Mais pas une connexion en 2G ou en 3G : il nous faut une connexion en 5G !