PARENT... ET EN COUPLE AUSSI ! Episode 1 : Les étiquettes dans le couple

Par Merci De Supprimer Mon Profil ... 26 Oct 2021
PARENT... ET EN COUPLE AUSSI !  Episode 1 : Les étiquettes dans le couple

Une étiquette, vous savez, c’est ce petit morceau de tissu sur un vêtement, qui nous donne des indications utiles sur sa composition, sa taille, les indications de lavage. Certaines étiquettes sont discrètes, se font oublier et s’intègrent à l’habit ; d’autres sont proéminentes, gênent, piquent, grattent : on n’a qu’une envie, celle de s’en débarrasser en les coupant ! Et tant pis si on perd des informations !

Vous-même, qui me lisez, êtes-vous (hyper)sensible aux étiquettes ?

Concernant les enfants, (quasi) tout le monde sait maintenant qu’il faut éviter de leur « coller une étiquette » : « cela enferme », « c’est réducteur », « cela stigmatise », « l’enfant s’identifie à cette étiquette », etc.

Pourtant, notre cerveau a besoin de catégoriser et de simplifier pour comprendre la complexité du monde.

Selon Paul Watzlawick, nous ne pouvons pas ne pas communiquer. Selon les neurosciences, nous ne pouvons pas ne pas étiqueter !

Ces étiquettes, qui nous irritent, qui réduisent notre compréhension du monde, possèdent, elles aussi, leurs fonctions. Mais avant que l’enfant paraisse, était initialement le couple...

Dans ma pratique de thérapeute systémique de couple, je me suis intéressée à ce processus d’étiquetage à différents stades de la relation. Dès le stade de la rencontre, un couple se constitue autour de mythes, qui modélisent son image et catégorisent chaque partenaire – parfois de manière rigide, pouvant mener à la séparation.

Qu’il en ait conscience ou pas, chaque partenaire a un besoin fondamental de comprendre l’autre. En cela, notre cerveau va nous aider face à cet enjeu de taille – réussir sa vie de couple : par le biais du processus de catégorisation, en activant les mythes dans lesquels nous avons baigné, en produisant des pensées automatiques.

Notre société véhicule beaucoup de mythes - au cinéma, dans la littérature, les magazines - sur ce que doit être un couple. Il en résulte des croyances limitantes, des visions du monde stéréotypées. J’ai recensé six mythes que j’ai fréquemment observés dans ma pratique, qui participent à l’étiquetage conjugal.

Le mythe de la bonne personne, de l’âme sœur

« Si c’était le bon, tout serait simple et fluide » … Et bien, non !

Il ne suffit pas de s’aimer pour que ça fonctionne : si l’amour est un préalable, bien d’autres ingrédients sont nécessaires au couple. N’est-il pas extraordinaire, le personnage interprété par Roberto Benigni, éperdument et inconditionnellement amoureux fou de sa femme qu’il nomme « Princesse » et le lui signifiant chaque jour, dans « La vie est belle » ? Sauf qu’en général, ce partenaire idéal meurt, ou bien l’histoire s’achève avant la fin... Nous laissant croire que cet idéal aurait perduré indéfiniment.


mythe du prince charmant...

Le mythe de la compréhension instantanée ou de la divination

« S’il m’aimait, il me comprendrait » … Et bien, non !

Beaucoup de personnes pensent que leur partenaire est censé savoir, deviner, comprendre leur besoin.  Or, c’est rarement le cas puisque nos besoins ne sont pas hiérarchisés de la même manière. L’amour ne rend pas télépathe. Dire ce que l’on ressent et ce dont on a besoin sera plus efficace qu’attendre que l’autre devine.

Le mythe de l’amour plus fort que tout

« On s’aime, donc on surmontera cette épreuve » … Et bien, non !

Les chiffres sont là : Un couple sur trois (un sur deux dans les grosses agglomérations) divorcent après l’arrivée du premier enfant. Un couple sur trois se sépare suite à un événement difficile. Cette réalité est brillamment illustrée par le film « La guerre est déclarée » de Valérie Donzelli qui joue son propre rôle au sein d’un jeune couple qui découvre que leur enfant est atteint d’une maladie grave.

Le mythe des opposés qui s’attirent

« S’il m’aime, il changera » … Et bien, non !

Les personnes ne changent pas aussi facilement. L’erreur, dans ce cas, consiste à aimer la personne que nous imaginons qu’elle sera et non la personne actuelle. En 1980, Maurice Pialat traite ce thème dans « Loulou ». Certains problèmes ne changent jamais. Près de 70% des querelles de couple concernent des sujets récurrents. L’idée est d’accepter qu’il s’agisse de traits de personnalité qui ne changeront probablement jamais.

Le mythe de l’amour fusionnel

« Si elle m’aime, elle me comblera et me rendra heureux » … Et bien, non !

L’absolutisme est la difficulté à comprendre et à accepter des perspectives différentes des nôtres. Dans « Mon roi » en 2015, Maïwenn aborde cet aspect de la relation. Quand on se met en couple, on établit un contrat tacite : on répond aux besoins affectifs de l’un pour l’autre. Oui, mais pas à 100% ! On peut y répondre à 80%, ce qui est déjà honorable. Mais, je ne peux pas répondre à 100% des besoins affectifs de mon partenaire, ce serait épuisant, oppressant et d’une trop grande responsabilité.

Le mythe de la transparence

« Si on s’aime, on doit tout se dire » … Et bien, non !

C’est également un sésame moderne. On nous rebat les oreilles avec le dialogue, la communication dans le couple. Or, tout dire n’est pas une bonne idée : certains fantasmes ou un adultère. Sous couvert de transparence, on peut blesser l’autre, toucher son estime, lui faire perdre confiance en soi – parfois de manière irréversible. Souvenez-vous de l’état de perturbation intense dans lequel est plongé Tom Cruise, dans « Eyes wide shut » de Stanley Kubrick (1999), au moment où Nicole Kidman lui révèle qu’elle aurait pu le tromper, le quitter et tout plaquer pour un homme croisé quelques instants.

A chacun son mythe !

Identifiez-vous les mythes dominants - passés ou actuels – sur lesquels votre couple se fonde ? Souvenez-vous... Avant que bébé n’arrive... !

Les repérer est une première étape dans la déconstruction de nos représentations et des étiquettes que nous nous attribuons à l’insu de notre plein gré.

Vous est-il déjà arrivé de penser de vous : « C’est toujours pareil, il/elle ne m’écoute jamais, je ne compte pas pour lui/elle », ou encore : « je ne suis pas à la hauteur », « je suis nul-le », « je suis moins bien ». Cela s’appelle des cognitions négatives sur soi : ce sont des pensées automatiques… et irrationnelles ! Elles sont probablement la conséquence de traumatismes relationnels et/ou d’un trouble de l’attachement. Un proverbe dit « Ce que vous imaginez, vous le créez ».

Identifier les mythes et repérer les pensées automatiques, dans notre couple, c’est effectuer un reset, une mise à jour des étiquettes ! Une crise dans le couple vient pointer la rigidité du système. Il suffit parfois qu’un élément bouge pour que tout bouge. Repérer nos mythes de couple est donc une première étape, qui peut déjà apporter un changement en modifiant notre vision du monde initiale, à nous rendre moins rigide et donc plus apte à transcender la crise.